L'Observatoire du Leadership

Passer de l’intime conviction à la recherche scientifique

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La recherche scientifique 

Vendre une formation en management ou en développement personnel se fait en expliquant les avantages retirés d’une telle pratique. Pourtant peu s’avancent jusqu’à en mesurer l’impact de façon rigoureuse. C’est pourquoi la validation par la recherche scientifique peut apporter un éclairage rationnel à de telles activités ‘’humaines’’.

Il convient tout d’abord de rappeler ce qu’est une « recherche scientifique », concept trop souvent plagié devant un public néophyte qui en accepte facilement les conclusions.

Un scientifique n’est pas une personne que l’on reconnaît à sa blouse blanche et ses lunettes, parlant à la caméra dans un décor de microscopes et d’ordinateurs et montrant des schémas avec des chiffres qui disent qu’il a raison : image ancrée dans l’imaginaire collectif régulièrement utilisée en publicité pour vendre du dentifrice ou de la lessive.

Un scientifique, qu’il soit issu des sciences dures (maths, physique, chimie, etc.) ou des sciences humaines (éducation, sociologie, psychologie, etc.), ou même de la médecine, a suivi un cursus universitaire et surtout doit avoir publié des recherches, reconnues par ses pairs.
Faire partie d’un laboratoire ou d’une équipe est un premier pas certes, et il doit conduire à la publication de recherches obéissant à un protocole strict : la vérification d’hypothèses par un processus rationnel et statistiquement valable.

La recherche doit ensuite être publiée dans un journal scientifique pour faire l’objet des critiques tant positives que négatives des autres scientifiques. Le journal est reconnu pour son sérieux et suivant son auditoire possède une plus ou moins grande renommée (mesurée par le facteur d’impact).

Si une publication dans une université locale touche un public restreint (peu de lecteurs), il existe aussi des journaux de reconnaissance internationale comme : Science, The Lancet, Scientific American, American Journal of Physiology, International Journal of Neuroscience, Psychosomatic Medicine, The Journal of Conflict Resolution, The Journal of Mind and Behavior and Academy of Management Journal, etc.

Dans un journal à renommée internationale un panel de scientifiques relit dans les moindres détails la recherche proposée et émet toutes les critiques possibles avant d’envisager de la publier. C’est le protocole de recherche qui est critiquable dans une recherche scientifique, la partie sensible qui lui donne sa valeur « scientifique », et non pas son hypothèse de départ.

Malheureusement les temps ont changé et avec l’avènement d’internet ces règles de validité sont détournées. Comme l’explique Nicolas Chevassus-au-Louis dans son livre Malscience (extrait article SH) :  « Avec les revues dites en open access sur Internet, la lecture est gratuite mais les chercheurs payent pour être publiés… des éditeurs prédateurs ont senti la bonne affaire pour faire payer jusqu’à 1000 dollars des chercheurs désireux de publier n’importe quoi. « 


Des questions à se poser en lisant une recherche

Est-ce une revue scientifique de renom avec un facteur d’impact élevé ?

Est-ce une recherche portant sur un nombre de cas assez important (échantillon statistiquement représentatif) ? Par exemple observer un cas particulier ne peut aboutir à directement en tirer une règle générale.

Est-ce un résultat applicable de façon locale ou universelle ? Les conditions géographiques, culturelles, historiques font-elles varier les résultats ? Il faudra refaire cette observation un grand nombre de fois (recherche réplicable) pour en valider le résultat comme général.

Est-ce un résultat validé dans le temps ? Le principe de précaution demande à vérifier une hypothèse de nombreuses fois sur plusieurs années avant d’en reconnaître les effets comme valides.

Quelle est l’incertitude associée à la recherche envisagée ? Toute recherche se fait avec un pourcentage de réussite évalué par la probabilité d’hypothèse nulle (le « p » qui apparaît sur les graphiques, en général doit être inférieur à 5%, p<.05 ou p<0,05 en français).


La pseudo science

En voici un exemple : « Le Professeur Untel de l’université prestidigieuse Machin a conduit une recherche consistant à changer le PH d’une eau en bouteille en simplement portant son attention dessus avec une dizaine de ses collaborateurs. Après 1h de pratique le niveau de PH a changé de 1 point. La conclusion est que l’esprit humain a une influence sur la matière. Et donc l’on peut envisager de propager cette pratique… »

Ici pas de recherche publiée, mais un langage pseudo scientifique pour impressionner le grand public. Et quand on demande au rédacteur de l’article le data, cad la publication scientifique originale avec les données brutes,  il n’y a pas de réponse…


Revues avec comité de lecture

Pour cette raison il est très intéressant de consulter les recherches publiées dans des revues avec comité de lecture. Car être scientifique ce n’est pas négliger son intime conviction, mais la mettre au banc d’essai en la testant suivant un protocole rigoureux.

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »

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