Sujet sensible, le burn-out du chef d’entreprise est peu documenté par la recherche. Certains dirigeants prennent les devants, en misant sur la prévention du stress.
Témoignage
Directeur général d’une PME high tech marseillaise, Fabien confie : « Je n’ai plus de temps à moi, très peu pour ma famille. J’aimerais faire du sport, des sorties, mais toute mon énergie est tournée vers mon entreprise. »
Le stress au travail a été décliné de toutes les façons possibles : burn-out, bored-out, pénibilité, mal-être, fatigue chronique, surmenage, dépression, harcèlement, etc. Peu d’études se sont penchées sérieusement sur la surcharge mentale du patron. Pourtant, avec des semaines de 60h, y compris le dimanche soir pour préparer la réunion du lundi matin et la semaine à venir, le burn-out guette le dirigeant d’une PME : la santé physique et mentale s’en ressent, le comportement peut être altéré.
Si L’INRS et les DIRECCTE ont rempli leur rôle dans la compréhension et la prévention des situations liées au stress pour les travailleurs, ces situations deviennent très problématiques lorsqu’elles atteignent le dirigeant. « À partir de soixante heures hebdomadaires, le travail (…) n’est plus productif, et devient peut-être même contre-productif », souligne une enquête d’Harmonie mutuelle.
Un patron de grand groupe peut être remplacé très rapidement (1 à 2 jours). Le dirigeant d’une PME reste souvent irremplaçable. Il incarne l’histoire de l’entreprise dont il connaît tous les rouages. Il doit faire face à tous les enjeux.
Des signes
Fatigue chronique, insomnies, perte de motivation, humeurs non contrôlées sont les signes de cette situation de fragilité. Car en ajout à tous ces symptômes, il a la sensation de se trouver en échec et d’entrainer ses employés avec lui.
Paul Nieuwdorp, directeur du centre Succès sans stress près de Bruxelles, est spécialisé dans les approches douces, renforçant à la fois santé mentale et leadership à visage humain. Il compte parmi ces clients plusieurs centaines de dirigeants et nous raconte comment même une psy est passée par un burn-out dont elle sait reconnaître les signes chez ses clients mais pas chez elle.
« Les dirigeants des TPE-PME interrogés pour notre baromètre Santé et Qualité de vie au travail se déclarent en bonne santé1, souligne Anne-Sophie Godon, directrice des services de Malakoff Humanis. Mais plusieurs éléments mis en avant dans l’étude sont des signaux d’alerte, comme la hausse du tabagisme et de la consommation d’alcool. Ils ne prennent pas de temps pour préserver leur santé, ils sont ainsi moins nombreux que les salariés à avoir vu un médecin généraliste en 2020. Ils ne s’autorisent pas non plus à prendre des arrêts maladie. »
Même l’inoxydable Elon Musk l’avouait en 2019 au New York Times : «L’année écoulée a été la plus difficile et la plus douloureuse de ma carrière, c’était atroce … Ça ne va pas fort. Des amis sont très inquiets». Au rythme de 120 heures par semaine, il disait avoir du mal à se passer d’un sédatif puissant et addictif pour dormir et souffrir de ne plus pouvoir consacrer du temps à ses proches.
Des solutions
Prévenir plutôt que guérir est un adage encore mieux adapté au dirigeant. Prendre un coach pour prendre de la hauteur ? Effectuer des changements dans sa vie personnelle et professionnelle ? Faire de la méditation ? La tendance se confirme aux USA. La Méditation Transcendantale (MT) est très prisée des brokers de New York. Et adoptée pas seulement par le milieu de la finance. Mario Orsati qui dirige le Center for Leadership Performance s’est spécialisé dans les approches douces et prône la MT comme un outil facile à utiliser, demandant peu de temps de pratique, développant l’autonomie et surtout efficace pour prévenir le stress. « C’est le meilleur retour sur investissement », témoignent mes clients.
Gestion du stress. Oui, mais pas n’importe comment !
Le Dr Norman Rosenthal, psychiatre spécialiste du stress2, se réfère notamment à une étude de l’Association Américaine de Cardiologie de 2013 où les différentes méthodes non médicamenteuses ont été vérifiées pour leur efficacité à soulager les patients atteints de maladies cardiovasculaires (situations de stress faisant le plus de victimes chaque année). Dans la catégorie méditation, seule la MT a été retenue comme ayant un réel effet bénéfique.
Allier autonomie, prévention du stress, créativité
C’est ce dont témoigne le milliardaire et self made man Ray Dalio. Ayant commencé sans un sou, fondateur du géant des fonds spéculatifs Bridgewater Associates (150 milliards de dollars) dont il vient de lâcher les rênes en tant que PDG, il affirme que la MT a eu « la plus grande influence » sur sa vie. Il la pratique 20 minutes deux fois par jour depuis plus de 40 ans : « Quand je regarde ma vie, je suis heureux d’avoir eu ce que la plupart des gens considèrent comme une vie réussie, non seulement en termes d’affaires, mais aussi dans mes relations et de bien d’autres façons. Plus que toute autre chose, je l’attribue à la MT – en partie à cause de la créativité, en partie à cause du centrage. La MT m’a donné la capacité de mettre les choses en perspective, ce qui m’a beaucoup aidé. Je pense que la MT a été la plus grande influence sur ma vie ».
Dans son livre intitulé Super Mind. le Dr Norman Rosenthal détaille cette « influence » comme « une expérience qui se traduit non seulement par une plus grande capacité de résolution de problèmes, mais aussi par un état de sensibilité émotionnelle, d’empathie, de mise en perspective et de compétences diplomatiques ». En citant notamment le témoignage de Ray Dalio et de centaines de super-performers, l’ouvrage explore cette expérience en termes d’évolution vers des états de conscience supérieurs.
Vers un nouveau leadership ?